Pourquoi certains enfants confondent-ils les lettres ?

Lorsqu’un enfant inverse des lettres en écrivant un b qui devient un d, un p qui ressemble à un q, ou encore un chiffre 3 à l’envers cela peut susciter des inquiétudes chez les parents. Pourtant, ces confusions sont fréquentes dans les premières années d’apprentissage de l’écriture. Elles font partie d’un développement tout à fait normal

Une question d’orientation, pas d’intelligence 

Vers l’âge de 5 à 6 ans, les enfants apprennent à reconnaître la forme des lettres et à les reproduire. Mais à ce stade, ils ne maîtrisent pas encore complètement leur orientation : ils savent dessiner un b, mais ne sont pas toujours certains s’il faut ouvrir la boucle à droite ou à gauche. Cette confusion est encore renforcée par le fait que certaines lettres sont visuellement très proches : b et d, p et q, n et u

Cela ne signifie pas que l’enfant est inattentif ou en difficulté. Il est en train de construire une sorte de "boussole" intérieure, qui va progressivement se stabiliser avec l’expérience, la pratique, et les bons repères. 

L’influence des lettres qu’on apprend en premier 

De nombreuses lettres majuscules (comme B, D, E, P, R) s’ouvrent vers la droite. L’enfant, sans même s’en rendre compte, intériorise cette orientation comme une règle générale. Le problème, c’est que certaines lettres (comme J, S ou Z) ou certains chiffres (3, 2, 7) ne suivent pas cette logique. Résultat : ils sont plus facilement inversés. 

Ce n’est pas un manque d’attention 

Contrairement à une idée reçue, ces erreurs ne sont pas dues à un manque de concentration. Des recherches ont montré que même en situation de grande attention, les enfants peuvent continuer à inverser des lettres. Ce phénomène n’a donc rien à voir avec la motivation ou l’écoute. 

Le rôle du contexte et du geste 

Un autre point important : l’écriture d’une lettre peut influencer celle qui suit. Par exemple, si un enfant écrit un C à l’endroit, il est plus probable qu’il écrive un 3 à l’envers juste après, comme s’il poursuivait la même orientation. Ce phénomène est lié à des mécanismes d’apprentissage inconscients, qui s’affinent avec le temps. 

Enfin, le geste d’écriture lui-même entre en jeu. Chez certains enfants, un réflexe archaïque encore actif (comme le réflexe tonique asymétrique du cou) peut gêner la coordination du mouvement ou l’orientation du geste. Dans ce cas, une intégration simple de ce réflexe, par des exercices corporels adaptés, peut améliorer les choses. 

À quel moment faut-il s’inquiéter ? 

Ces inversions sont fréquentes jusqu’à 6 ou 7 ans. Elles tendent à disparaître naturellement avec la pratique. Ce qui doit alerter, en revanche, c’est lorsque ces confusions : 

• persistent au-delà du CE1,

• s’accompagnent d’autres signes (grande lenteur, fatigue excessive, rejet de l’écrit), • ou impactent sérieusement la lisibilité et la compréhension de l’enfant. 

Dans ce cas, un accompagnement spécialisé peut l’aider à poser des bases solides, à comprendre ce qui se passe dans son propre fonctionnement, et à progresser en confiance. 

Comprendre l’origine de ces confusions permet de dédramatiser. Chaque enfant suit son propre rythme, et avec les bons outils, il peut retrouver le plaisir d’écrire… dans le bon sens !  

Source : article Cerveau & Psycho – n52 juillet – août 2012

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