Ces réflexes de bébé qui freinent parfois la lecture et l’écriture

Certains enfants intelligents et curieux semblent bloqués quand il s'agit de lire ou d'écrire. Malgré de nombreux efforts, les progrès restent lents, l’écriture est brouillonne, la concentration difficile à maintenir. Et si une partie du problème venait de réflexes... de bébé ? 

Les réflexes archaïques, qu’est-ce que c’est ? 

À la naissance, chaque nourrisson est équipé de réflexes automatiques, appelés "réflexes archaïques" ou "primitifs". Ce sont des mouvements involontaires qui assurent sa survie (comme téter ou attraper) et qui participent activement à la construction de son développement moteur, cognitif et émotionnel. 

Normalement, ces réflexes s'intègrent (c’est-à-dire s’inhibent) au fil des mois, à mesure que l’enfant développe des gestes plus volontaires. Mais parfois, certains d'entre eux restent actifs plus longtemps que prévu. Et cela peut interférer avec des apprentissages fondamentaux comme lire, écrire ou rester concentré. 

Quand le corps garde de vieux automatismes 

Certains réflexes, qui devraient normalement s’estomper dans les premières années de vie, peuvent  rester actifs plus longtemps que prévu. C’est le cas, par exemple, du réflexe tonique symétrique  du cou (RTSC). Ce réflexe, présent chez le nourrisson, fait que le mouvement de la tête influence  celui des bras et des jambes. 

S’il persiste après l’âge de deux ans, il peut engendrer des tensions ou des réactions involontaires  dans le corps. Cela peut rendre difficile le fait de s’asseoir droit, de tenir un crayon de manière  stable, ou encore de suivre une ligne des yeux sans bouger la tête. 

Un enfant peut alors se retrouver gêné pour s’asseoir correctement, tenir son crayon, ou stabiliser son regard en lisant. Il peut avoir du mal à rester tranquille, à copier proprement ou à finir ses devoirs sans fatigue excessive. 

Un autre réflexe, le réflexe de Moro, lié à la réponse au stress, peut quant à lui provoquer une hypersensibilité aux bruits ou à la critique, rendant l’enfant plus anxieux, voire en état d’alerte permanente. Cela nuit à la confiance en soi et à la concentration. 

De nombreux autres réflexes peuvent aussi interférer (agrippement, réflexe tonique asymétrique du cou, Babinski…), chacun influant à sa manière sur l'équilibre, la posture, le geste graphique, la vision ou encore le langage. 

Que faire en cas de suspicion ? 

Lorsqu’un enfant semble "intelligent mais maladroit", "rêveur", "en retard malgré ses efforts", il peut être utile d’envisager une évaluation de ses réflexes archaïques. Un réflexe non intégré n’est pas une fatalité : il est possible de proposer des exercices simples et ludiques à la maison pour aider son corps à rattraper ce retard d’intégration.

Le corps, souvent oublié dans les difficultés scolaires 

Quand un enfant rencontre des obstacles dans ses apprentissages, on pense rarement à son corps. Et  pourtant, certains blocages peuvent avoir une origine corporelle. 

En orthographothérapie, il est parfois utile d’observer si des réflexes précoces, normalement  intégrés dans la petite enfance, sont encore actifs. Lorsqu’un réflexe mal intégré est repéré, des  exercices simples et adaptés peuvent être proposés. 

Ils ont pour but de faciliter la posture, d’améliorer la tenue du crayon ou encore de rendre l’enfant  plus disponible pour apprendre sereinement. 

Replacer le corps au cœur de l’apprentissage, c’est parfois la clé pour libérer le geste, retrouver le plaisir de lire ou d’écrire, et gagner en confiance. 

Sources : Nancy O’Dell & Patricia Cook, Le réflexe pour la concentration et l’apprentissage, Éditions Ressources Primordiales, 2019. Article « Les réflexes archaïques, un nouveau regard sur les compétences d’apprentissage », www.ressources-primordiales.fr, Paul Landon, Intégration Motrice Primordiale (formation et publications).


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Pourquoi certains enfants confondent-ils les lettres ?