Pourquoi votre enfant n’arrive pas à conjuguer correctement (et comment l’aider sans le décourager)
« Tu dois accorder ton verbe avec le sujet. »
« Ce n’est pas “il mangé”, c’est “il a mangé” ! »
Ces phrases, vous les avez peut-être déjà dites. Pourtant, malgré les leçons, les rappels, les exercices, votre enfant continue à faire des erreurs de conjugaison. Il n’est pas le seul, et surtout, il n’est pas incapable. Il a peut-être simplement besoin d’un autre chemin pour apprendre.
Dans cet article, je vous explique pourquoi la conjugaison est difficile pour certains enfants, et comment vous pouvez les aider à progresser… sans les décourager.
1. Pourquoi la conjugaison est si compliquée ?
Un effort de mémoire très important
La conjugaison demande de retenir beaucoup d’informations en même temps : les pronoms, les temps, les terminaisons, les particularités des verbes… Cela fait beaucoup, surtout quand la mémoire de travail de l’enfant est déjà bien sollicitée dans d’autres apprentissages.
Des temps qui se ressemblent… mais pas tout à fait
L’imparfait, le passé composé, le présent, le futur… Il faut savoir les reconnaître, comprendre quand les utiliser, et ne pas les confondre. Ce n’est pas évident si l’enfant n’a pas encore bien compris la notion de temps dans le récit ou dans la langue.
Des repères encore flous
Certains enfants n’ont pas encore compris ce qu’est un sujet ou un verbe. Ou bien ils les reconnaissent dans une phrase simple, mais plus quand elle est un peu plus longue. Comment accorder un verbe si on ne sait pas « qui fait quoi » ? Il est parfois nécessaire de reprendre les bases de la grammaire avant de se lancer dans la conjugaison.
Trop de choses à gérer en même temps
Quand un enfant écrit, il doit penser à l’orthographe, à la grammaire, à ce qu’il veut dire, à la forme de ses lettres, à ne pas dépasser… Tout cela prend de la place dans sa tête. Il peut alors oublier ce qu’il sait, même s’il l’a bien appris. Ce n’est pas de la paresse, mais de la surcharge cognitive.
2. L’oral : une étape essentielle avant l’écrit
Avant de savoir écrire une forme verbale, l’enfant doit savoir l’entendre et la dire. L’oral permet de s’approprier les sons, le rythme et les changements dans les verbes. Dire les conjugaisons à haute voix aide beaucoup à les retenir.
Vous pouvez l’aider en lui posant des questions simples sur son quotidien :
– Qu’est-ce que tu fais ? (présent)
– Qu’est-ce que tu as fait hier ? (passé composé)
– Que feras-tu demain ? (futur)
En répétant régulièrement ces phrases dans la vie de tous les jours, l’enfant va s’habituer aux formes et les fixer peu à peu dans sa mémoire.
3. Des outils pour aider autrement
Voir la grammaire
Certains enfants ont besoin de voir les choses pour les comprendre. Utiliser des flèches de couleur pour montrer le sujet, le verbe et le complément peut les aider à structurer leurs phrases. Le visuel devient un appui concret pour comprendre et mémoriser.
Bouger pour apprendre
Chez d’autres enfants, le corps a un rôle très important. Des réflexes archaïques non intégrés peuvent gêner la concentration, la posture ou la coordination. Cela peut freiner les apprentissages, y compris la conjugaison. Des exercices corporels simples peuvent alors les aider à se poser, à mieux organiser leur pensée, à être disponibles pour apprendre.
Une méthode progressive et vivante
Dans mon cabinet, j’utilise la méthode Capelodys. Elle propose un apprentissage structuré de la grammaire et de la conjugaison, à l’oral puis à l’écrit. L’enfant comprend d’abord le sens des phrases, apprend à repérer les éléments importants, puis à transformer les phrases avec des jeux, des gestes, des outils visuels. Il ne récite pas des tableaux de conjugaison, il apprend à faire vivre les verbes dans les phrases.
4. Ce qu’il faut retenir
Si votre enfant fait des erreurs de conjugaison, ce n’est pas un échec. C’est un signal : il a besoin d’aide, mais surtout d’une approche différente. Moins scolaire, plus concrète, plus adaptée à lui.
Avec de la régularité, un accompagnement bienveillant et des outils adaptés à son profil, il peut reprendre confiance, progresser et même se surprendre.
Références bibliographiques
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